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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 20:13

En septembre 1917, le jeune docteur Bomgard, tout récemment promu au titre de docteur en médecine, gagne le poste où il a été nommé, dans le bourg de Mourievo, qui se situe dans le district de Gratchevka, proche de Smolensk, sur une voiture à cheval. Il arriva fourbu et engourdi du fait de la longueur et de l’inconfort du voyage.

A peine installé, il commença à s’inquiéter de l’activité qu’il allait devoir déployer, jugeant ses connaissances insuffisantes. Et effectivement, dès le début, il ne fut pas gâté : sa première patiente fut une toute jeune fille dont une jambe avait été broyée et qu’il devait amputer.

Puis il y eut le cas d’une femme qui devait accoucher et dont le fœtus se présentait mal : il dut pratiquer une version, totalement improvisée, à partir de ses vagues souvenirs de cours.

D’autres situations tout aussi difficiles se présentèrent encore à lui, et il eut la chance et le talent de s’en tirer favorablement à chaque fois.

Boulgakov, lui-même médecin, décrit les opérations de son alter ego avec clarté, empathie et suffisamment d’humour pour ne pas trop effrayer ses lecteurs. Il faut préciser que le jeune médecin était complètement isolé et ne pouvait compter que sur le soutien de quelques infirmières et d’un « feldscher », une sorte d’assistant médecin.

Un jour, le Docteur Bomgard dut traverser une effroyable tempête pour aller au secours d’un patient qui ne pouvait être déplacé.

Fort heureusement pour lui, ses interventions, même les plus risquées, se terminèrent avec des résultats positifs, ce qui lui valut une grande renommée dans les environs.

Après avoir quitté l’hôpital de Mourievo pour un poste plus important, il dut encore s’occuper de son successeur qui, frappé de dépression, se mit à absorber de la morphine. Boulgakov décrit avec une étonnante vivacité la progression de l’addiction chez le collègue de Bomgard, le jeune docteur Poliakov.

Le grand mérite de cet ouvrage est la capacité développée par son auteur à rendre son récit exaltant en dépit de l’atmosphère lourde de la pauvreté, de la maladie, des risques constants des opérations chirurgicales et de la difficulté de la vie dans cette région au climat hostile. C’est le talent de l’écrivain qui hausse ces récits à une dimension presque fantastique.

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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 00:00

J’avais dix-huit ans. En prépa HEC au lycée, après l’interdiction de Hara Kiri, nous échangions Charlie Hebdo entre camarades. Nous le lisions pendant les interclasses, voire même en cours, à l’insu du professeur.

J’appréciais particulièrement les articles de Cavanna et de Delfeil de Ton, ainsi que les dessins de Wolinski et de Reiser. Bien sûr, je conservais toujours un intérêt aux aventures du Grand Duduche, notre modèle à tous.

A l’époque, la rédaction d’un journal aussi polémique ne risquait guère que l’interdiction de publication par un pouvoir politique arbitraire.

Personne n’envisageait de se faire collectivement assassiner par des terroristes pour avoir outrepassé un quelconque interdit religieux ou moral.

Les années suivantes, dans mes trajets en chemin de fer entre Paris et Reims, il m’arrivait encore souvent de lire Charlie Hebdo. Après l’entrée dans la vie professionnelle cette habitude est progressivement tombée en désuétude.

Le drame actuel me pousse à revenir à mes anciennes inclinations : nous allons souscrire un abonnement. Je suis convaincu que des journalistes humoristes courageux vont reprendre le flambeau.

C’est un pari contre la bêtise de l’intolérance et des comportements totalitaires.

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6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 18:09

Dès l’introduction, Nietzsche place la Généalogie de la morale à un niveau très élevé, dans son œuvre comme dans « l’histoire des connaissances morales et religieuses ».

« Ce livre, ma pierre de touche pour tous ceux qui sont de mon bord, a la chance de n’être accessible qu’aux esprits les plus élevés et les plus exigeants : les autres n’ont pas d’oreille pour entendre ce que je dis. Il faut mettre sa passion dans les choses où personne ne la met aujourd’hui… »

Cet ouvrage a reçu les faveurs d’une large partie du public qui lit des traités de philosophie, en raison notamment de son mode d’exposition, qui a abandonné la juxtaposition d’aphorismes, courante chez Nietzsche dans la plupart de ses œuvres antérieures, au profit d’un découpage en trois traités :

1)     Bon et méchant. Bon et mauvais.

2)    « Faute », « Mauvaise conscience » et phénomènes apparentés

3)    Que signifient les idéaux ascétiques ?

Ce nouveau type de présentation ne rend pas la lecture totalement sans effort, car le style de Nietzsche demeure toujours ironique, mordant, privilégiant les images inattendues et les incises parfois contradictoires avec le sens premier du passage qui précède. Néanmoins, le lecteur, après avoir achevé sa lecture, éprouve moins de difficultés à récapituler les thèmes principaux et à reconnaître les articulations marquantes que dans un texte rédigé sous la forme aphoristique chère à Nietzsche.

Naturellement, dans cet ouvrage de la maturité, Nietzsche n’oublie pas son projet philosophique général : « le renversement des valeurs et le combat contre le nihilisme ».

Toute la pensée de Nietzsche, enrichie par ses précédents traités, retrouve les mêmes thèmes. Il rappelle que très tôt, l’un de ses motifs de préoccupation principaux a concerné la morale et notamment « la question de savoir quelle origine au juste ont notre bien et notre mal. »

Ce qu’il y a de passionnant dans l’ouvrage de Nietzsche, c’est qu’il révèle les questions mêmes qui ont surgi dans son esprit lorsque ce thème s’est imposé à lui, dans son adolescence. Il relate, à moitié par boutade, que la solution qu’il trouva à treize ans fut d’accorder l’honneur à Dieu, faisant de lui « le père du mal ».

Plus tard, ces questions évoluèrent de façon plus élaborée : « dans quelles conditions l’homme a-t-il inventé ces jugements de valeur du bien et du mal ? »

Il en vint bien vite alors à la question de la valeur et de la provenance de la morale ascétique, qui resta jusqu’à la fin de sa recherche philosophique l’un des éléments sur lesquels sa condamnation fut la plus forte.

Il maintint son hostilité à « la morale de la pitié, comme le symptôme le plus inquiétant de notre culture européenne devenue inquiétante, comme son détour vers un nouveau bouddhisme, vers le nihilisme ».

A l’inverse, Nietzsche propose de prendre les choses avec gaieté d’esprit, ce qu’il nomma le gai savoir, titre de l’un de ses premiers ouvrages.

 

 

Vous pouvez lire également :

 


Nietzsche - Le Gai Savoir

 

Le Crépuscule des idoles, ou comment on philosophe au marteau – Friedrich Nietzsche

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30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 18:07

Dans le Planétarium, Nathalie Sarraute traite des relations entre les personnes comme s’il s’agissait de corps physiques, telles des planètes ou des particules qui s’attirent et se repoussent selon les lois de la nature. La dynamique des corps s’applique selon des lois physiques depuis longtemps établies, que ce soit dans le cosmos ou dans l’infiniment petit. Les relations interpersonnelles peuvent en effet s’apparenter  à ce type de mouvements.

Un jeune couple, lui thésard un peu dilettante, elle jeune femme attirée par les feux d’une petite bourgeoisie éclairée, dans le Paris des années 1950. Une tante trop bien logée dans un appartement de cinq pièces des beaux quartiers de Paris, pour un loyer plus que raisonnable, alors que les jeunes mariés sont resserrés dans un petit deux pièces. Une romancière à la mode qui brille autant que les plus grosses étoiles.

Tous ces éléments, savamment présentés, servent de prétexte à l’exposition des mouvements browniens auxquels s’adonnent les différents protagonistes en vue de s’attirer les bonnes grâces de ceux qu’ils désirent approcher, ou de refouler les fâcheux.

L’entrecroisement de ces différentes trajectoires fait naître quelques débuts d’intrigue piquants, dont la poursuite oblige chacun à évaluer et réviser le volume physique à travers lequel il peut se mouvoir dans l’espace infini de la sphère sociale.

La finesse de l’analyse, l’originalité du point de vue et la grâce de l’écriture confèrent à ce roman un charme durable que l’on ne rencontre pas si souvent, même dans la galaxie du Nouveau roman.

 

 

 

Vous pouvez également être interessé par :   Les choses – Georges Perec

 

 

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23 décembre 2014 2 23 /12 /décembre /2014 18:03

Dans Armance, Stendhal décrit le parfait héros romantique en la personne d’Octave de Malivert. Ténébreux à souhait, tout juste sorti de l’Ecole Polytechnique, presque certain de toucher une fortune au titre des réparations votées par la Chambre monarchiste en compensation des spoliations de la Révolution, Octave est aimé de sa cousine, Armance de Zohiloff, pure jeune fille d’origine russe, trop réservée pour exprimer ses sentiments à ce cousin par trop fantasque. Stendhal, dans ce tout premier roman qu’il écrivit, est assez habile pour montrer l’évolution des sentiments réciproques des deux jeunes gens, mais, en même temps, il laisse entendre à mots couverts que son héros est affligé d’une déficience qui rendrait le mariage problématique.

Au fur et à mesure que le lecteur prend connaissance du mal d’Octave, il saisit mieux la conduite incohérente de ce grand incompris, parmi la famille et les relations de ses parents. Ainsi, au travers de scènes parfois excessives, mais bien amenées par l’auteur, le lecteur se rend compte de l’impossibilité pour les deux amoureux d’aboutir à une solution satisfa isante.

Au-delà du cas des deux amoureux, l’évocation de la noblesse volontiers revancharde et peu consciente de la faiblesse relative de sa position, crée un arrière-plan historique tout à fait intéressant à ce sombre roman des amours impossibles.

Il lui faut naturellement une fin conforme au schéma général de l’œuvre et le jeune Stendhal, dans son style déjà très fluide, parvient à l’amener d’une façon relativement attendue, avec beaucoup d’élégance.

 

 

 

Autres articles consacrés à Stendhal :

 


Vie de Henry Brulard – Stendhal

 

Lamiel – Stendhal

 

 

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16 décembre 2014 2 16 /12 /décembre /2014 17:59

Le 3 juin 1835, le jeune Pierre Rivière, âgé de vingt ans, accomplit le triple meurtre mentionné dans le titre, à Aunay, un village du Calvados.

En 1973, une équipe de chercheurs du Collège de France a constitué un dossier sur cette affaire emblématique, sous l’impulsion de Michel Foucault. La pièce maîtresse de ce dossier est le mémoire rédigé par Pierre Rivière lui-même, en prison, pour tenter d’expliquer son acte. Ce mémoire est écrit dans une très belle langue, même si l’orthographe est incertaine, et il rend compte de façon méticuleuse de la vie de la famille Rivière. Le lecteur pénètre très aisément dans les rapports de cette famille paysanne, dont la mère abuse de façon insupportable de la patience et de la gentillesse de son mari, refusant de vivre au domicile conjugal et le forçant à payer toutes les dettes qu’elle laisse derrière elle.

Le jeune Pierre vouait un amour filial indéfectible à son père et il avoua que c’était pour délivrer celui-ci de l’emprise de cette femme impossible, qui lui gâchait toute sa vie, qu’il s’était résolu à ce triple meurtre.

Outre les tensions de la société rurale française au début de la révolution industrielle, cette affaire illustre très bien la profonde évolution qu’a subie la procédure judiciaire au cours de ces années du XIXème siècle, tiraillée entre la volonté des magistrats de châtier les coupables et la prétention des psychiatres à démontrer l’aliénation de nombreux assassins, voulant leur épargner ainsi la peine capitale.

Il faut lire le mémoire de Pierre Rivière très attentivement et le mettre en parallèle avec le dossier constitué par les rapports des experts, les pièces du procès et les articles parus dans la presse à l’époque de l’affaire.

Une telle affaire, qui date de près de 180 ans, nous aide à mettre en perspective les soubresauts que la justice peut encore connaître de nos jours, dans l’incertaine évaluation des circonstances atténuantes et dans l’appréciation ambiguë des preuves que peut émettre un jury d’assises.

Elle met en lumière aussi le laxisme que peut exercer la police dans la recherche d’un coupable qui, en l’occurrence, ne niait rien et ne se cachait même pas.

Les analyses croisées des différents participants à l’élaboration de ce dossier enrichissent la perception du lecteur, sans atténuer l’importance majeure du mémoire du principal protagoniste de l’affaire, celui que ses voisins prenaient pour un idiot.

 

 

 

A lire également :

 

Surveiller et punir - Michel Foucault

 

 

 

 

 

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9 décembre 2014 2 09 /12 /décembre /2014 18:08

Emily Brontë a composé, avec les Hauts de Hurlevent, l’un des romans les plus emblématiques de son siècle en Grande Bretagne. Depuis ma première lecture à l’adolescence, ce roman continue de me hanter, avec son atmosphère pesante, qu’il s’agisse du climat inhospitalier des hautes terres du Yorkshire où se déroule son action, ou de la tension extrême que génèrent et subissent ses personnages aux caractères abrupts.

La bonté décomplexée de Mr. Earnshaw qui recueillit le jeune Heathcliff, orphelin sombre comme un Bohémien, associée à l’ouverture d’esprit de sa fille Catherine, qui sympathisa immédiatement avec l’enfant abandonné et en fit son compagnon de jeux et de promenades, permirent à celui-ci de prendre goût à la vie et de se développer.

Dans ce milieu protecteur, le garçon sans racines s’éduqua  et s’ouvrit à une vie enrichissante, malgré la dureté des conditions d’existence et, à l’adolescence, les sentiments des deux jeunes gens se renforcèrent, jusqu’à ce que Catherine éprouvât une grande admiration pour son cousin Edgar Linton, aux manières raffinées et à la grande culture, suscitant l’incompréhension de Heathcliff qui ne put réagir qu’en se durcissant pour préparer une vengeance impitoyable. Tout dans ce roman est extrême : le climat naturellement, l’opposition entre l’amour et la haine, la sauvagerie côtoyant l’éducation, la rudesse de la demeure des Earnshaw aux Hauts de Hurlevent située au sommet de la colline, en contraste avec le charme de Thrusscross Grange dans la vallée, où habitaient les Linton.

Dans ce monde, l’éducation même est un enjeu et une source de conflits. Le laisser aller dans lequel restent confinés les déshérités, comme le jeune Heathcliff ou le rejeton Hareton Earnshaw dans leur enfance, constitue un puissant motif de rébellion qui permet de nouer l’intrigue.

Le mode d’exposition du roman lui-même, avec le croisement de ses différents narrateurs, qui se complètent et fournissent des informations sous des angles divers, contribue à la complexité de l’intrigue et oblige le lecteur à une attention soutenue.

Avec une grande maîtrise, la romancière, dont tous les commentateurs soulignent le manque d’expérience qu’elle a subi au cours de sa vie, à travers des tensions particulièrement fortes, conduit son ouvrage à son terme dramatique, inexorablement. Le lecteur ressent nécessairement au fil de sa lecture le poids de la fatalité.

Il serait absurde de souligner certaines invraisemblances dans un tel livre : tout comme les tragédies de Shakespeare ou les romans de Dostoïevski, c’est le drame dans toute sa noirceur que ce livre offre à ses lecteurs.

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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 17:58

Notre dernière journée de route nous fit repasser à Seligman sur la route 66, avant de monter au nord vers le lac Mead formé par la retenue du grand barrage Hoover sur le fleuve Colorado. Il s’agit d’un bel ouvrage de 580 mètres de longueur en arc de cercle, que nous avons traversé à pied.

Puis nous sommes repartis vers Las Vegas, la capitale des jeux, que nous avons commencé à explorer dans l’après-midi. Par certains côtés, c’est le comble de la vulgarité, avec les jeunes filles déshabillées en policières vêtues seulement d'une casquette, d'un soutien-gorge, d'un mini short et de bottes, qui attirent les messieurs pour poser en leur compagnie moyennant finance, et leurs homologues masculins de couleur. Il y a aussi les annonces au haut parleur pour on ne sait quelle distraction.

L’une des curiosités de Las Vegas est de montrer à ses visiteurs toute une série de copies de monuments célèbres du monde entier : Grand canal de Venise avec le Pont des Soupirs, Tour Eiffel miniature et assez médiocre façade de l’Opéra de Paris, Sphinx égyptien…

Il vaut mieux revenir dans le centre de la ville de nuit, alors que les éclairages magnifient les jeux d’eau sur le bassin aménagé devant la façade de l’hôtel Bellagio, dont l’entrée donne sur une magnifique galerie de style florentin, et que les néons de toutes les couleurs contribuent à la féérie recherchée.P1040007

Le lendemain, après cette débauche de paillettes, de musique pompeuse, de jeux et de bruit, nous nous en sommes retournés vers Los Angeles, en faisant un arrêt à Calico,

ville fantôme, ancienne cité minière où d’anciens détenus exploitaient les mines d’argent. Nous y fûmes accueillis par le sherif, habillé en cow-boy, comme dans les films, avec son pistolet à la hanche et son étoile sur la poitrine. Les petites maisons en bois ont été agrémentées de différentes figures, dont un squelette revêtu d’une bure. A la fin octobre, la température y était presque caniculaire, ce qui laisse imaginer les conditions de travail des anciens mineurs.P1040026

Arrivés à Los Angeles, nous avons parcouru la ville en minibus, dans les encombrements, jusqu’à Hollywood. J’ai été plutôt déçu par Hollywood : certes la grande enseigne à flanc de colline est bien présente, ainsi que le tapis d’étoiles sur le trottoir, mais les bâtiments des studios ne sont guère impressionnants.

En revanche, la traversée nocturne des célèbres quartiers de Beverly Hills, avec ses belles villas et la modeste maison de Marilyn Monroe, et Sunset Boulevard, jusqu’à Santa Monica, au bord de l’Océan Pacifique, où nous avons dîné dans un restaurant de poissons situé sur une jetée fut un moment agréable. Il ne nous restait plus qu’à gagner notre hôtel, à côté de l’aéroport, pour embarquer de bonne heure le lendemain matin.

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25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 17:46

En quittant Cortez, nous avons roulé un bon moment sur la route 160, jusqu'à Kayenta, d’où nous sommes remontés vers Monument Valley dans l’Utah, ce site grandiose largement utilisé par les auteurs de Westerns, pour ses collines de sable rouge et ses énormes rochers et falaises qui se dressent au milieu du désert. Des Indiens Navajos nous conduisirent en 4X4 autour des roches les plus étonnantes, avant de nous emmener déjeuner dans un campement préparé à l’avance.

P1030887

L’après-midi, nous avons traversé Painted Desert et nous nous sommes arrêtés au barrage de Glen Canyon, devant le Lac Powell. Pour admirer cette vaste étendue d’eau artificielle qui se ramifie entre les nombreuses vallées recouvertes par les eaux, nous avons embarqué à bord d’un petit avion à hélices.

P1030929

En route dans le minibus, un arrêt à Horseshoe Bend nous fit entrevoir le fleuve Colorado à plusieurs centaines de mètres en-dessous des rochers, au fond de la vallée, et nous nous arrêtâmes à Page, de retour dans l’Arizona, pour la nuit.

Le lendemain devait être le clou de notre voyage avec notre passage à côté du Grand Canyon du Colorado. Préparés par la vision impressionnante d’un film à l’Imax situé à proximité du départ d’un chemin aménagé le long de la faille du Grand Canyon, et aussi nombreuses soient les images que l’on ait pu voir de ce site, la réalité dépasse la vision que l’on a pu s’en forger. Il serait intéressant d’effectuer des randonnées par des sentiers qui descendent au fond de gouffre, mais déjà depuis le chemin latéral la vue est unique.

P1030985

Il ne nous restait plus ce jour-là qu’à parcourir la longue route vers Williams, le terme de cette étape.

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18 novembre 2014 2 18 /11 /novembre /2014 18:00

Fondée en 1610, sur un haut plateau à plus de 2000 mètres d’altitude, la vieille ville de Santa Fe fut construite en adobe, brique d’argile mélangée à de la paille et de l’eau,  par les Espagnols, ce qui confère à ses maisons les plus anciennes un caractère spécifique. Le matin, avant de quitter la ville, nous avons encore visité la chapelle de Loretto. Cette chapelle fut constuite entre 1873 et 1878, sur un plan plus ou moins inspiré de la Sainte Chapelle de Paris. La construction terminée, les sœurs qui l’occupaient constatèrent que l’architecte, distrait, avait oublié d’installer un accès à la tribune de la chapelle. Plusieurs charpentiers consultés estimèrent que la construction d’un escalier était impossible. Cependant, un peu plus tard, un artisan s’arrêta à proximité de l’Académie des sœurs de Loretto et proposa à la mère supérieure de construire l’escalier. La mère ne se fit pas prier pour accepter et l’homme édifia un escalier circulaire, sans support central, ne se servant que d’une scie, d’une équerre et d’un marteau. Puis il quitta la chapelle et la ville, sans même se faire payer. Le superbe escalier est toujours en place.P1030810

Après la visite, nous partîmes pour Taos, petite ville pleine de charme, fréquentée par les artistes et résidence de Christopher « Kit » Carson, personnage sulfureux qui partit adolescent à la découverte de l’ouest, participa à la guerre de Sécession et au massacre des Indiens, avant d’épouser une Indienne. Nous visitâmes sa maison.

L’après-midi, nous fîmes route vers Taos Pueblo, village des Indiens Pueblos qui y habitent dans des maisons traditionnelles, vivant notamment de la vente de produits artisanaux destinés aux touristes. Un jeune Indien nous fit un exposé assez idéaliste, fondé sur une éthique de la responsabilité, pour nous faire percevoir le sens de la vie des habitants de ce village, où ne résident de façon plus ou moins continue que cent cinquante personnes environ.P1030822

Passant du Nouveau Mexique au Colorado, nous poursuivîmes vers Durango, ville western assez modernisée. De là, le lendemain matin, nous embarquâmes dans un antique train à vapeur en direction de Silverton dans les montagnes, à travers un superbe paysage alpestre. Le voyage dure trois heures et demie, pendant lesquelles nous admirâmes la haute vallée que la ligne emprunte, ballottés dans de vieux wagons en bois, au son sporadique du sifflet de la locomotive. Silverton, perchée vers 3000 mètres d’altitude, avec ses maisons espacées, sa banque, ses saloons et ses restaurants fait tout de suite penser aux villes du Far West des bandes dessinnées : on s’attend à voir Lucky Luke sortir d’un bar.

L’après-midi, le retour se fit en minibus vers Cortez, en retraversant Durango.

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