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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 19:41

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par Intempéries et détours

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 20:41

De Hué à Danang, la route traverse le col des Nuages, beau passage montagneux en haut duquel une porte fortifiée fut érigée. De Danang nous filâmes directement vers Hoi An, qui était un important port commercial de l’Asie du sud est aux XVIème et XVIIème siècles. Les navires de commerce hollandais, portugais, chinois et japonais s’y croisaient. Il en reste une vieille ville intacte, avec ses maisons d’inspirations variées.

L’entrée dans la vieille ville de Hoi An s’effectue en franchissant le pont couvert japonais, qui est une petite merveille. On pénètre alors dans un réseau serré de ruelles piétonnes bordées de petites maisons pittoresques. Le quai du fleuve Hoai nous conduisit d’abord au marché central, qui offre un choix abondant de poissons et de fruits de mer à côté des traditionnels fruits et légumes des marchés vietnamiens. Différents petits musées ont été aménagés dans les plus belles maisons pour y présenter la vie culturelle, l’histoire et les arts locaux. Des chapelles sont accessibles, ainsi qu’un théâtre traditionnel mais, plus que tout, ce qui est inestimable à Hoi An, c’est le calme dû à la circulation pédestre, malgré le grand nombre de visiteurs.

A Danang où nous sommes revenus le lendemain, c’est tout le contraire, la vibration des grandes villes y est permanente avec ses flots de cyclomoteurs. A côté du grand marché où nous avons passé un long moment, ce qui me toucha, c’était la présence silencieuse d’une vieille dame, toute petite avec son large pantalon et son chapeau des paysannes vietnamiennes, qui proposait aux passants des sacs en plastique usagés, sans prononcer un mot. Son regard portait toute la tristesse de la vie difficile des Vietnamiens âgés aux faibles ressources.

Le musée de sculpture Cham nous initia à cette culture originaire du Cambodge, qui représentait abondamment les dieux hindous. Toutes les œuvres exposées ont été découvertes dans les différentes colonies installées au Vietnam.  

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 20:55

De retour à Hanoi, un train de nuit nous conduisit à Huê. L’image la plus saisissante le matin, alors que le train traversait la campagne, fut de voir un groupe de paysans, alignés face à la voie ferrée, uriner tout en regardant passer le train, faisant des signes aux voyageurs, sans aucune gêne.

A Huê, la matinée fut consacrée à la visite du mausolée de l’empereur Tu Duc, qui régna de 1848 à 1883. Immense et somptueux ensemble, dont la construction suscita une révolte des ouvriers, qui fut impitoyablement réprimée, le mausolée servit de résidence de loisir à l’empereur dans les dernières années de son règne. A l’intérieur d’une enceinte octogonale, le mausolée comporte nombre de monuments, dont un temple, un palais, une sépulture d’apparat où les restes de l’empereur ne reposent pas, et des pavillons, autour d’un lac qui contient une île. La cour d’honneur est ornée d’une double rangée de statues de mandarins, de chevaux et d’éléphants.

Tu Duc, qui compta jusqu’à 104 épouses ou concubines, n’eut aucune descendance. Sa dépouille fut déposée dans une sépulture secrète, pour éviter le pillage. Aujourd’hui son mausolée demeure comme un vaste parc romantique : c’est beau comme un palais d’été situé au milieu d’un espace aquatique.

La cité impériale, construite à l’intérieur de la citadelle de Huê, a subi d’importantes destructions lors de l’offensive du Têt en 1968. Le saint des saints était la cité pourpre interdite, ensemble de constructions qui servait de résidence aux souverains. Certains des bâtiments qui subsistent sont restaurés, comme la salle du Trône ou le belvédère de la porte du Midi, entrée principale de la cité. Il reste un quadrillage de cours, d’allées, de beaux bâtiments entourés de plantations diverses. Malgré la somptuosité de certaines décorations, l’atmosphère y est austère, comme dans un ancien couvent désaffecté.

La Pagode Tu Dam, ou de la Dame Céleste, dressée en haut d’un escalier au bord de la Rivière des Parfums, fut un haut lieu de l’opposition à la politique du régime sud-vietnamien et à la guerre. C’est une tour octogonale à six étages, reconstruite dans les années 1930. Dans le petit monastère contigu, une poignée de moines entretient le souvenir des événements tragiques et anime l’association Bouddhiste.

Une courte croisière sur la Rivière des Parfums nous ramena vers notre hôtel où le dîner nous permit de revêtir les atours des mandarins et de leurs concubines, pour profiter d’un concert qui précéda le repas. Le plus jeune couple de notre petit groupe figura l’empereur et l’impératrice.   

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 20:50

La Baie d’Halong avec ses milliers d’îlots rocheux est un site incomparable. Embarqués dans l’un des nombreux bateaux de croisière au port d’Halong, nous avons commencé à naviguer par un temps gris et légèrement brumeux. Les falaises karstiques de chaque côté épousent des formes inattendues. Au début, les embarcations se suivent de près, avant de s’éparpiller dans les passages entre les différents îlots. Tantôt il semble que le bateau est près d’atteindre le rivage de la baie, tant les parois se rapprochent pour former un mur compact. Puis une mince ouverture apparaît, par laquelle s’engouffre notre bateau vers un mystérieux défilé, d’où nous sortons bientôt sur une vaste étendue d’eau. Quand nous avons accosté l’un des rochers et directement pénétré dans une grotte étroite, où un très mince boyau nous conduisit vers la lumière, au sommet de la roche, je me suis cogné le crâne au plafond très bas. Du sommet, nous avons découvert une vue dégagée sur une partie de la baie, précédée par une étendue de végétation foisonnante.

C’était le point extrême de la croisière. Le retour emprunta une route différente sous un pâle soleil, longeant une nouvelle débauche de formes rocailleuses. Nous rattrapâmes d’autres bateaux et dans des coudes étroits il fallut manœuvrer avec précaution pour ne pas heurter la pierre. Puis au fur et à mesure que nous approchions du port, la flotte se reconstituait dans sa masse compacte. Nous étions tous un peu hébétés de quitter ces visions étonnantes pour retrouver un port sans attrait. La calme splendeur de la Baie d’Halong la rend presque irréelle et, par contraste, elle confère au retour au monde ordinaire une tonalité vaguement déprimante.

Le lendemain matin, les nuages étaient bas au-dessus des sommets des îlots. Un pâle soleil peinait à les traverser, habillant la mer d’un reflet métallique sur lequel se détachait la masse sombre des rochers.

 

Sur la route, nous avons découvert les trois types de maisons vietnamiennes : la maison traditionnelle des campagnes avec son toit de chaume, sa grande pièce centrale où se trouve un autel, face à la porte, célébrant le souvenir des parents disparus, avec leurs photos et une ou plusieurs bougies allumées. De chaque côté il y a une chambre séparée de la pièce centrale par une tenture, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes. Les commodités, cuisine et salle de bains sont situées dans des bâtiments annexes.

Le deuxième type de maison est la maison « américaine », en vogue dans les années 1950 à 70. Il s’agît d’un parallélépipède de béton, au toit plat. Aujourd’hui elle est tombée en disgrâce. La vogue est à la maison « coloniale », qui imite les anciennes résidences coloniales par des balcons et terrasses à chaque étage, bordés de balustrades, soutenus par des colonnes et reliés par des escaliers extérieurs. Généralement, ces maisons comportent trois ou quatre étages pour fournir un logement à plusieurs générations de la famille, tout en maintenant un local professionnel au rez-de-chaussée. De façade étroite sur la voie publique, elles s’étendent en profondeur, pour réduire la taxe à payer sur la largeur occupée. Dans ce type de construction règne une exubérance de décoration souvent très kitsch. Chaque famille tient commerce au bord de la rue ou de la route, contribuant à l’animation du quartier et au développement d’une économie basée sur le petit commerce et l’artisanat.

Le moyen de transport le plus courant est le cyclomoteur sur lequel tout peut être transporté : meubles parfois encombrants, matériaux divers, animaux, y compris un porc vivant attaché sur le porte-bagages du cyclomoteur, enfants de tous âges. Pour les adultes le port du casque est obligatoire.

Les abords des rues et des routes sont généralement encombrés de détritus, et les marchés semblent s’improviser selon la commodité : les paysannes vendent les fruits et légumes sur la place d’un village, ou au bord de la route qui longe les champs, à leur convenance. La culture dominante est toujours le riz, qui occupe surtout les femmes à repiquer les plants, les pieds dans l’eau. Les hommes se chargent plutôt de sarcler le fond des rizières avec une antique charrue traînée par un buffle. La condition paysanne reste la plus dure qui soit ; elle tend à se réduire au fil du développement du pays.

En route vers Hoa Lu, nous avons visité la pagode Pho Minh, beau monument tout en hauteur avec de multiples petits balcons sur tout le pourtour de cette mince tour. Celle-ci se trouve au fond d’un jardin qui abrite aussi des massifs de fleurs, des bassins et quelques constructions annexes.       

A proximité de Ninh Binh, Phat Diem est le siège d’une étrange cathédrale catholique construite à la fin du XIXème siècle dans le style vietnamien, sous la direction du Père Six, prêtre vietnamien enterré dans l’enclos de la cathédrale. Le bâtiment principal est construit en pierre avec des troncs d’arbre massifs pour soutenir la voute. Toute la décoration est entièrement asiatique. En dehors de la cathédrale proprement dite, nombre de bâtiments sont alignés de façon à préserver une harmonie d’ensemble. Ils contenaient un séminaire et plusieurs chapelles. Les murs latéraux de certains d’entre eux sont en bois. Les tours et clochers sont surmontés de lanternes similaires  aux temples bouddhistes, dont seule la croix et les statues de saints les distinguent. De nombreux fidèles assistaient à la messe du soir. L’intérieur, éclairé par quelques ouvertures latérales est assez sombre. La ferveur était perceptible.

A Tam Coc, plusieurs hôtels récents permettent un afflux de visiteurs. Certains d’entre eux parviennent au paroxysme du style néocolonial, avec un empilement de colonnes, de terrasses et de balustrades sur huit à dix étages. Ils dominent  une rue centrale bordée de boutiques.

Le paysage alentour est la « Baie d’Halong sur les rizières ». Comme dans la baie, d’énormes formations rocheuses surgissent d’une mer de verdure, cette fois. A quelques kilomètres, parcourus en vélo sur un terrain plat, en contournant les rizières et les roches, se trouve la pagode de Bich Dong, aménagée dans des grottes naturelles, auxquelles on accède par des escaliers creusés dans la roche. Devant l’entrée, un joli parvis entouré de parapets décorés a été aménagé. Trois courtes colonnes portent des foyers où brûle l’encens. Une jeune bonzesse nous introduisit dans le sanctuaire et nous fournit des informations sur son fonctionnement et sur la vie qu’elle menait sur place en compagnie de quelques consœurs. Leur quotidien est fait de prière et de méditation ; les conditions d’habitation sont sommaires, la nourriture frugale ; le célibat est de rigueur. Malgré toutes ces contraintes, notre jeune guide paraissait particulièrement épanouie.

De retour au village, nous avons embarqué dans une barque plate sur la rivière Ngo Dong pour la visite des trois grottes (traduction de Tam Coc). Au départ, une jeune fille ramait sur cette rivière paisible ; puis elle fut rejointe par son père, qui la remplaça. La barque traversa les trois grottes, dont la première a une longueur de 127 mètres. A l’entrée et à la sortie, l’ouverture est très basse et comporte des excroissances rocheuses qui nous obligeaient à baisser la tête. La promenade eût été enchanteresse si la jeune fille n’avait tenté à toute force de nous vendre des broderies, que nous ne désirions pas acquérir, avec une insistance assez désagréable.

Hoa Lu est le site de l’ancienne capitale du Vietnam, fondée sous la dynastie des Dinh, après la reconquête du pays contre les Chinois. Il reste des vestiges de l’ancienne citadelle et deux temples, l’un consacré à Dinh Tim Huang, le vainqueur des Chinois, et l’autre, nommé Le Dai Hanh, honore la dynastie des Le, qui succéda aux Dinh. Le paysage en ces lieux reste spectaculaire et tourmenté.   

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 08:52

Parmi tous nos voyages, la découverte du Vietnam revêtait pour moi une importance singulière. Depuis mon enfance j'avais entendu évoquer ce pays par mon camarade T. de M., à l'école d'abord, puis surtout, après son décès avant l'âge de douze ans, par ses parents et son frère aîné, qui mêlaient le chagrin du deuil à la nostalgie de leur vie au Vietnam. C'est à Saïgon qu'ils avaient habité, mais ils avaient parcouru tout le pays, ainsi que le Cambodge. Leur appartement parisien conservait le souvenir de ce long séjour par la présence de laques accrochées aux murs, de meubles orientaux et d'une multitude de bibelots asiatiques. A plusieurs reprises ils me montrèrent des photos prises à Saïgon et, constamment, faisaient des allusions à leur vie quotidienne en Indochine. Monsieur de M., qui avait des origines franco-vietnamiennes, avait continué d'habiter à Saïgon jusqu'au décès de son fils alors que sa famille vivait ordinairement à Paris et ne l'avait rejoint que pour deux années, de 1959 à 1961, longue éclipse dans notre relation d'écoliers, qui reprit son cours au début du CM1. Ces souvenirs avaient entretenu chez moi le souhait vague de découvrir ce pays. J'ai attendu 2007 pour le mettre à exécution.   

A l'arrivée à Hanoi, le choc fut presque immédiat. Le palais présidentiel situé au coeur d'une zone interdite à la circulation est l'ancien palais du gouverneur général de l'Indochine, beau bâtiment colonial qui nous rappelle certaines préfectures. L'ancien lycée français borde un côté de la place du Palais. Dans le parc présidentiel, les deux habitations successives de Ho Chi Minh sont pieusement conservées, l'une, ancienne maison de l'électricien dans le domaine du gouverneur, est contemporaine du palais et l'autre, qui lui fait face à l'autre extrémité d'une mare à poissons, est construite en bois, sur pilotis, dans le style des minorités ethniques des montagnes du nord. A proximité, la Pagode au pilier unique a le charme de ces petites constructions du bouddhisme vietnamien, accentué par son reflet dans le bassin où elle est construite, au milieu de grands arbres. Tout cet ensemble est enserré dans un vaste parc, planté de pamplemoussiers sur une parcelle.

Dans la lignée de l'entrée du parc a été érigé le mausolée d'Ho Chi Minh dans le plus pur style soviétique, plus ou moins sur le modèle de celui de Lénine, en beaucoup plus grand et en gris.

Après cette introduction dans le calme et la grandeur des cercles du pouvoir, nous avons été plongés sans transition dans le centre de la Vieille Ville. Qui n'a pas visité la Vieille Ville de Hanoi en cyclopousse ne sait pas ce qu'est l'animation d'une grande ville asiatique en chemin vers la modernité ! Paisiblement assis sur le siège du cyclopousse, devant le conducteur qui pédalait difficilement, j'ai découvert le dédale des rues, pris dans un enchevêtrement de cyclomoteurs pétaradant et klaxonnant, comme un immense balet au rythme lent, qui à chaque carrefour éclatait en larges guirlandes autour des automobiles qui tentaient de se frayer un passage. Aucune agressivité n'était perceptible tout au long de cette heure. Le conducteur manoeuvrait en expert tout en me montrant les principaux monuments. Vers le milieu de la visite il fut remplacé par un collègue qui avançait plus vite au fur et à mesure que la nuit tombait. Les rues étaient surtout éclairées par les innombrables boutiques présentes dans ces ruelles. Des artisans exerçaient leur activité sur les trottoirs, au milieu du flot des passants. Toutes les lumières colorées qui s'allumaient formaient une féérie inattendue dans cet univers d'immeubles resserrés, de hauteur moyenne. Quelques bâtiments d'importance, comme de grands hôtels, l'opéra ou la cathédrale, marquaient des repères dans ce vaste labyrinthe qui s'étend autour du lac Hoan Kiem. Lorsque se termina ce tour, j'étais presque surpris de m'être déjà habitué à ce concert de moteurs et de klaxons incessant, à ce brouhaha énorme et à ce fol embouteillage. Cette ville aussitôt m'attira comme peu d'autres auparavant.

Le lac Hoan Kiem, où au XVe siècle une tortue géante est censée avoir avalé une épée magique remise à l'empereur Ly Thai To, est le centre de la Vieille Ville. C'était notre point de ralliement au milieu de l'agitation de l'agglomération : son étendue, l'attrait du petit temple de la Montagne de Jade construit sur un îlot, les grands arbres plantés sur son pourtour le désignent comme aire de repos.

Parmi les temples et pagodes visités à Hanoi, une mention particulière doit être attribuée au Temple de la Littérature, fondé pour honorer les érudits et constituer l'université des mandarins. Divisé en cinq cours, il contient des bâtiments anciens aux proportions harmonieuses, dans un cadre de verdure protégé du vacarme de la ville. 

L'événement majeur de nos soirées à Hanoi fut la représentation du théâtre des marionnettes sur l'eau :  plusieurs saynètes montrent des légendes vietnamiennes traditionnelles par un jeu de grandes marionnettes qui évoluent sur un bassin, accompagnées d'une musique typique jouée en direct par un ensemble de musiciens. La mise en scène et les mouvements des marionnettes sont tellement expressifs qu'il n'est pas besoin de connaître les légendes pour en comprendre spontanément l'action et la morale. C'était un extraordinaire spectacle.

Nous eûmes aussi le temps de flâner dans les ruelles du centre, d'entrer dans les boutiques offrant des vêtements de soie, de nous attabler aux terrasses de cafés, de visiter la cathédrale Saint Joseph - délabrée et sans grand charme -, d'emprunter certains passages entre les immeubles. Toute cette découverte me laissa le souvenir d'une ville extraordinairement vivante, colorée, dans laquelle l'accueil est généralement chaleureux, comme dans le restaurant Chà ca Thùy Hông, établi dans une petite maison d'une ruelle discrète, dont le gérant était un vieux monsieur qui évoqua devant nous sa jeunesse consacrée à l'étude dans le lycée français.

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