Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 mai 2015 2 05 /05 /mai /2015 07:36

Pour les raisons évoquées dans notre précédent article, nous avons décidé de transférer Intempéries et détours vers la plateforme EKLABLOG.

D'ores et déjà, vous pouvez consulter nos derniers articles publiés à l'adresse :

http://intemperiesetdetours.eklablog.com/

Partager cet article
Repost0
22 avril 2015 3 22 /04 /avril /2015 20:27

Chers lecteurs, vous l’aurez constaté : la présentation du blog a changé. L’éditeur, après avoir incité tous les blogueurs à basculer vers sa nouvelle formule depuis plusieurs mois, a modifié le format de tous les blogs réfractaires sans autre précaution il y a quelques jours.

J’ai donc eu la surprise de voir cette nouvelle présentation, que je n’avais pas souhaité adopter, au retour d’une semaine de congé. Le plus ennuyeux réside dans la perte d’un certain nombre de fonctionnalités qui me permettaient de vous informer des nouveaux articles.

Je ne sais comment vous apprécierez ce changement. Je m’efforcerai de vous tenir au courant de mes capacités à poursuivre la publication de mes articles.

A bientôt,

Intempéries et détours

Partager cet article
Repost0
14 avril 2015 2 14 /04 /avril /2015 17:10

Dans la Vienne fin de siècle, où la vie peut paraître à certains si douce, un jeune officier rencontre un ami, qui doit payer de toute urgence une dette de jeu et lui demande de lui avancer la somme.

Seulement, la carrière des armes n’apporte pas l’aisance financière et la solde du jeune lieutenant se trouve vite dépensée. L’aimable officier ne voit d’autre issue que le recours à son oncle ou le gain aux cartes.

Après réflexion, il se résigne à la seconde solution et ne parvient qu’à ajouter sa propre dette à celle de son ami.

Cette histoire somme toute banale est racontée avec une parfaite maîtrise par le docteur Schnitzler, qui, lors de l’indispensable visite à l’oncle, à la suite de la débâcle du lieutenant, introduit encore l’épouse de l’oncle, qui fut une maîtresse occasionnelle de l’officier, renforçant par ces souvenirs le cœur de l’intrigue d’un arrière plan de libertinage, mêlé à un affairisme quelque peu sordide.

Ainsi ce monde léger et plein de charme, en apparence, révèle par touches successives son implacable dureté.

Partager cet article
Repost0
6 avril 2015 1 06 /04 /avril /2015 18:28

Au tournant des années soixante, la société de consommation entrait dans les mœurs. Chacun se sentait touché par l’attrait des nouveautés offertes par l’activité économique en développement. Les agences de publicité commençaient à prospérer sur la généralisation progressive de l’envie de confort et de modernisme. Pour des jeunes gens dont l’enfance s’était déroulée à l’époque du sang et des larmes, ou même des restrictions de l’immédiat après-guerre, la tentation était grande de s’ouvrir à la promesse des choses.

Sylvie et Jérôme partageaient cette vision de l’existence naissante d’un nouveau luxe, accessible à un plus grand nombre d’individus. Vivant à l’étroit dans un logement exigu de trente cinq mètres carrés, ils rêvaient de luxe, de modernisme, de toutes les commodités que commençait à suggérer la société de consommation. Pour épouser leur temps, ils choisirent de travailler dans la publicité en devenant enquêteurs dans des agences nouvellement créées. Les revenus y étaient modestes mais l’espoir les faisait vivre. Ils convoitaient un grand appartement bien décoré, situé dans les beaux quartiers, le bonheur d’une vie enrichie par les voyages et les loisirs. Ils ressentaient tous les attraits de la société comme une chance qui leur était offerte et qu’il fallait savoir saisir. Tous ceux qui ont vécu à cette époque se souviennent de cette vaste aspiration au bien-être.

Ils rêvaient aussi de terres inconnues, à explorer, et c’est ce qui les conduisit à accepter un poste d’enseignante à Sfax, en Tunisie, pour Sylvie.

Seulement, même dans les pays qui sortaient à peine de la colonisation, la réalité n’était pas aussi enchanteresse que dans les rêves. Ainsi connurent-ils de nouvelles déconvenues.

Au fil de leurs tentatives, le lecteur les voit verser dans la déception. Ils semblent très proches du jeune couple décrit dans le Planétarium de Nathalie Sarraute, tout en utilisant d’autres moyens, qui peuvent paraître plus courageux, pour parvenir à leurs fins.

Le lecteur pourvu d’un peu de tendresse pour cette jeunesse pré-soixante-huitarde peut ressentir de la compassion pour leurs tentatives d’exaucer leurs rêves, vite avortées, mais sans les nourrir d’une trop forte amertume.

Les Choses, en réalité, constitue une image très juste de ces années qui aboutirent au soulèvement général de la jeunesse, en France et ailleurs, et malgré l’échec final que le roman restitue, ce récit retient l’attention par la volonté d’avancer qu’il manifeste, et la capacité de rebondir de ses deux antihéros, le tout favorisé par la très belle écriture de Georges Perec.

 

 

A lire également :  


Le Planétarium – Nathalie Sarraute

 

 

 

Partager cet article
Repost0
22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 11:13

Ce roman des plus troublant ne relève pas, selon le modèle traditionnel de la littérature romanesque, de la narration continue d’une histoire ou d’une intrigue. Il s’agît plutôt d’un collage de fragments de mémoire qui finit par amener le lecteur à fournir un sens, forcément ambigu, une fois dépassée la confusion des éléments juxtaposés. Ecrit dans une langue somptueuse, abstraction faite de la ponctuation réduite au minimum, le roman évoque, par la conversation de Georges et Blum, l’action de l’escadron de cavalerie commandé par le capitaine de Reixach. Georges, lui-même cousin de Reixach, discute sans fin des bribes de la vie de son parent, qui épousa une femme beaucoup plus jeune que lui, Corinne, de ses relations tendues avec sa jeune épouse, de son goût prononcé pour l’équitation, qui l’amena à entretenir une écurie de course, et des événements vécus lors de la campagne de 1940, au cours de laquelle le capitaine de Reixach fut abattu par un tir allemand.

Georges et Blum, faits prisonniers, transportés dans un convoi vers l’est, entassés dans un wagon parmi tous leurs compagnons d’infortune, discutent sans fin et sans conclusion définitive de la trajectoire du capitaine, frustré dans ses amours, méprisé dans sa passion de l’équitation et des courses de chevaux, probablement trahi dans sa vie privée par son jockey Iglesia.

La lecture du roman soumet le lecteur à l’épreuve ardue de démêler tous les fils entremêlés de cette histoire tragique, sans l’aide d’un fil conducteur fiable, ce qui lui laisse la tâche de se représenter par lui-même le tableau global de cet ouvrage. Il s’agît d’une expérience de lecture tout-à-fait passionnante.

 

 

 

Autres articles consacrés à Claude Simon :

 


Le Vent, Tentative de restitution d’un retable baroque – Claude Simon

 

Le Palace – Claude Simon

 

La bataille de Pharsale - Claude Simon

 

 

Partager cet article
Repost0
10 mars 2015 2 10 /03 /mars /2015 19:11

Dans ce récent roman de Patrick Modiano, le narrateur doute de sa mémoire. Les souvenirs qui lui viennent à l’esprit sont incertains, confus. Ils sont trop anciens pour lui permettre de retrouver des témoins. Le seul élément tangible auquel il peut se raccrocher est un carnet noir rempli de notes : des noms, des dates et de courts textes.

A partir de ce carnet se reconstitue toute une époque de sa vie où il côtoyait un petit groupe de personnes dont il avait noté les noms. Ces gens avaient quelque chose à voir avec le Maroc. Certains logeaient à la Cité Universitaire du boulevard Jourdan à Paris ; d’autres dans des chambres d’hôtels. Ils se retrouvaient volontiers dans un café du boulevard Saint Michel, près des jardins du Luxembourg. Ces rencontres remémorées ravivent l’errance urbaine du narrateur, une cinquantaine d’années après les événements, dans de nombreux quartiers de Paris.

Il avait alors entamé une liaison avec Dannie, l’une des membres du petit groupe qui un jour lui demanda : « Qu’est-ce que tu dirais si j’avais tué quelqu’un ? »

Au fil des réflexions et des conversations du narrateur avec les autres membres du groupe, celui-ci apprit que Dannie aurait commis « quelque chose de grave ».  

Ainsi commence à se développer une sorte de roman policier inversé où l’objet de la quête ne serait pas le coupable du crime, mais la nature du fait évoqué et ses circonstances.

Une atmosphère de mystère plane donc sur l’ensemble du roman, rythmé par le mouvement de balancier entre le présent et le passé, avec une lenteur propre au tempo de la mémoire du narrateur, qui revit l’époque révolue dans un mélange de nostalgie et de dégoût perceptible.

Le lecteur qui a traversé les années 1960 pourrait être tenté de faire le rapprochement avec l’affaire Ben Barka, quoiqu’aucun élément du roman ne contienne une allusion explicite à cet ancien crime, qui ne fut jamais élucidé. Une écriture précise et neutre constitue la marque de ce roman et lui confère toute la froideur propre à évoquer des événements crapuleux, qui ne furent jamais complètement résolus.

 

 

 

Autre article consacré à Patrick Modiano :

 

 

Rue des Boutiques Obscures – Patrick Modiano 

Partager cet article
Repost0
1 mars 2015 7 01 /03 /mars /2015 20:34

En 1910, Sigmund Freud reçut un jeune Russe d’Odessa, Serguei Constantinovitch Pankejeff, qui souhaitait suivre une cure avec lui. L’analyse de Freud dura quatre ans, jusqu’en 1914.

Ce jeune homme avait subi, selon les déclarations de Freud, un grave trouble névrotique dans ses années d’enfance. L’origine de cette névrose infantile remonterait au plus jeune âge de son patient, à un an et demi, lorsque le petit garçon, qui dormait habituellement dans la chambre de ses parents, aurait assisté à leur coït, le père pénétrant la mère par derrière.

Freud énumère tous les avantages qu’il y a pour l’analyste à connaître les troubles survenus dans les toutes premières années du patient, et il procède à un récit particulièrement détaillé, qui demeure sans doute la description la plus complète et la plus précise qu’il ait donné d’une analyse.

La scène initiale à laquelle assista l’enfant marqua toute sa vie et décida de ses orientations sexuelles. Dans les mois qui suivirent cette scène, le tout jeune garçon subit l’influence et la domination de sa sœur aînée, beaucoup plus dynamique que lui, et cette relation contribua encore à ses inhibitions. Ultérieurement, la vision d’une servante lavant le sol à genou, dans la position même où, encore bébé, il avait vu sa mère pénétrée par son père le troubla encore.

Ce n’est que quelques années plus tard qu’il eut à plusieurs reprises des rêves d’angoisse au cours desquels il voyait six grands loups blancs, avec de longues queues fournies, semblables à celles de renards, qui accentuèrent encore ses troubles et provoquèrent chez lui une constipation chronique.

Ultérieurement, Freud explique que la maladie du jeune Serguei Constantinovitch évolua vers une forme de névrose de contrainte. Il est remarquable de passer par toutes les étapes de l’exposé de Freud, au cours desquelles il semble au lecteur avoir fourni des associations particulièrement pertinentes, conservant une mémoire infaillible des déclarations de son patient et une logique implacable.

Nous serions donc tenté de penser que cette analyse constitue un modèle du genre, décrite par le père de la psychanalyse. Or, la préface rédigée par Patrick J. Mahony contredit totalement cette interprétation.

Ce dernier rappelle en effet que Serguei Pankejeff n’a pas retrouvé la santé immédiatement après la fin de son traitement par Freud, mais qu’il poursuivit son analyse avec de nombreux disciples du maître pendant une durée de plus de trois quarts de siècle.

P. Mahony évoque «la complaisance caractérielle du patient qui constitua un obstacle majeur dans sa première analyse » par Freud.

Freud aurait lui-même renforcé ce travers par l’utilisation de la suggestion. Ainsi se serait-il fourvoyé sur les résultats de son analyse, et les symptômes du patient auraient-ils été multipliés après le terme de sa thérapie, nécessitant la reprise de la cure avec d’autres intervenants.

Naturellement, le lecteur curieux se gardera bien de lire la préface avant le texte de Freud : celui-ci constitue véritablement une formidable élaboration intellectuelle qu’il serait regrettable d’amoindrir par la lecture critique préalable de son contradicteur.

 

 

Autres articles consacrés à Freud :

 

Deuil et mélancolie – Sigmund Freud

 

L’inquiétante étrangeté – Sigmund Freud

 

Totem et tabou – Sigmund Freud

 

 

Partager cet article
Repost0
21 février 2015 6 21 /02 /février /2015 19:33

L’auteur raconte le quotidien de son séjour de six mois au bord du lac Baïkal, de février à juillet, dans des conditions atmosphériques extrêmes avec, en hiver, des températures comprises entre  -30 ° C et  -35° C.

Supporter quotidiennement une telle température relève quasiment d’un pari. Il faut se soumettre au climat, à la solitude : le voisin le plus proche occupe une cabane en bois identique à celle de l’auteur, située à une quinzaine de kilomètres, et il n’y a évidemment aucun moyen de transport disponible, hormis la marche à pied ou le patinage sur le lac.

L’auteur raconte dans le détail l’organisation de son séjour, les tâches quotidiennes à effectuer : bois à couper pour se chauffer, pêche pour se nourrir, lecture, méditation, exploration des environs dans cette nature hostile, avec pour uniques compagnons deux petits chiens.

La nature est superbe : l’immense étendue du lac, gelé tout l’hiver, sur lequel patiner devient un exercice salutaire, la forêt tout autour, où se trouvent les ressources indispensables, bois et fruits au printemps, produits de la chasse à l’occasion...

Les rencontres sont rares et généralement bien arrosées de vodka. Il est nécessaire de parler russe : les quelques voisins de passage n’ont ordinairement pas  appris les langues occidentales. Les nombreux livres emportés ont permis de meubler le temps et, éventuellement, de renforcer la détermination à poursuivre ce séjour, malgré les incidents et les moments de tristesse qui ont pu survenir. Une forme de sagesse est recherchée au cours de cette longue retraite : échapper temporairement à la société de consommation, éprouver sa capacité à supporter la solitude, lutter pour survivre, se protéger des quelques dangers provenant de la nature : éboulements, gel, intempéries, … sans tomber dans la dépression.

Au total, il s’agît d’une expérience peu ordinaire, qui nous ramène à des récits plus anciens, que l’on se réfère à Jack London, dans le grand nord américain ou, dans une veine moins bucolique, au séjour de Dostoïevski dans « la maison des morts » ou de Evguénia Guinzbourg dans le goulag de la Kolima.

Partager cet article
Repost0
9 février 2015 1 09 /02 /février /2015 22:15

Internée dans l’hôpital psychiatrique de Roscommon depuis des lustres, Roseanne Mc Nulty, âgée d’un siècle environ, se remémore les événements les plus marquants de sa longue vie, relayée par le psychiatre qui la suit, le docteur Grene. Roseanne note ses souvenirs et ses réflexions sur des feuilles volantes, qu’elle cache soigneusement sous les lattes du parquet de l’antique établissement hospitalier, tandis que le docteur Grene compile ses observations dans des carnets.

L’alternance des notations des deux figures de cette étrange narration fait découvrir au lecteur une longue période de l’histoire de l’Irlande, parmi les plus troublées, à l’époque de la Première Guerre Mondiale et de la rébellion contre les autorités britanniques, par petites touches, selon les événements périphériques vécus par les deux protagonistes. Peu à peu, Roseanne expose les épisodes tantôt joyeux, tantôt tragiques de son existence, faisant ressentir sa gaieté de jeune fille et l’amour qu’elle porta à son fiancé, devenu son mari, puis la tristesse des combats de la guerre contre la puissance coloniale, accentuée par la guerre civile qui opposa les clans antagonistes des Irlandais entre eux, sans oublier les turpitudes que lui fit subir un prêtre aux motivations sadiques sous couvert de religion.

Le docteur Grene a une approche plus mesurée, à la recherche de l’origine des causes de l’internement de sa plus ancienne patiente.

Ce récit fait pénétrer le lecteur aussi bien dans les paysages de l’Irlande sauvage, de ses villes, en particulier Sligo, que dans l’intimité de certaines familles et dans les luttes meurtrières qui marquèrent cette dure période de la formation de la nation en quête de dignité et d’indépendance.

Si progressivement le récit conduit le lecteur vers son terme apaisé, il demeure en son cœur un long cri de révolte et de désespoir, propre aux peuples qui ont connu le malheur de la colonisation, de la guerre civile et des massacres qui les accompagnent inévitablement.

Partager cet article
Repost0
30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 09:28

Ce roman, par l’entremise de son narrateur Valdemar, adolescent difficile, qui se querelle avec ses camarades de lycée et entretient une liaison avec l’une d’entre eux, nous fait pénétrer dans l’histoire de la longue dictature exercée par Salazar au Portugal.

Valdemar écoute les histoires de son grand-père, venu habiter chez ses parents à Lisbonne, après avoir subi l’arbitraire de la PIDE, la police politique du régime, pendant la plus grande partie de sa vie. Le grand-père de Valdemar raconte son arrestation brutale à la veille de son mariage avec la belle Graça dos Penedo, son séjour dans diverses prisons sordides, la torture subie qui lui a fait perdre plusieurs doigts et laissé de multiples séquelles, ses évasions spectaculaires de pénitenciers construits sur des îlots balayés par le vent au milieu de l’océan.

Valdemar adhère sans nuance aux discours de son grand-père et, emporté par ses convictions et sa fougue, se prépare à le venger, jusqu’à ce que son père lui fasse partager une appréciation plus équilibrée des torts et des responsabilités et tente de lui faire entendre que la vérité historique doit être recherchée au travers d’une confrontation des points de vue.

A la jonction du roman de formation et du roman historique, Laissez parler les pierres, dans une langue très fluide, entrecoupée d’éléments du langage propre aux adolescents, interpelle le lecteur sur l’appréciation des événements dramatiques qui ont secoué les Etats européens au cours du XXème siècle et entame une réflexion sur la responsabilité historique et le processus de normalisation qui doit survenir après la chute des dictatures, une fois l’euphorie de la libération digérée.

Partager cet article
Repost0