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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 15:04

Souvent, Montaigne entraîne le lecteur dans de longues digressions, qui paraissent l’éloigner de son sujet, mais à la fin il se raccroche à son propos principal, que ce soit grâce à la transition fournie par une citation latine appropriée ou par un raisonnement personnel, dans lequel il cultive le paradoxe. Aujourd’hui, nous serions tentés de trouver un plus grand intérêt aux confidences de l’auteur sur sa vie personnelle, encore qu’elles soient très parcellaires, qu’à ses démonstrations souvent tirées d’auteurs latins, parmi lesquels Sénèque et Plutarque occupent une place prépondérante. Toutes ces évocations d’auteurs classiques semblent destinées à masquer l’absence d’idées de Montaigne sur la question qu’il veut traiter. Puis, au fil du discours, parfois il paraît emporté par son thème et, à la fin, il livre un avis très personnel qui peut être totalement différent de celui des citations utilisées pour appuyer son propos. C’est cette liberté de ton qui constitue le charme des Essais et leur a sans doute permis de conserver la faveur d’un certain public jusqu’à nos jours. Toutes les formes de « discours de soi » sont devenues le cœur du domaine littéraire ; l’essai, la démonstration, la prise de parti, l’avis personnel sur une question générale sont un autre versant du succès éditorial. A ces divers égards, Montaigne reste un précurseur, revenant inlassablement sur des thèmes déjà abordés, pouvant se contredire, manifestant souvent un esprit commun en recherche d’originalité, sans trop se soucier de la forme ou de l’unité de son œuvre.   

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