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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 19:39

La route dans le Rajasthan traverse une campagne agricole où la culture dominante, après la sortie de Delhi et la traversée de l'Etat de Haryana, est le colza. L'agriculture dépend de la mousson : aucun cours d'eau ne traverse cette campagne plate. Les routes sont bordées d'une rangée d'arbres de chaque côté. Au milieu des voitures et des camions, un bon nombre de charrettes tractées par des dromadaires, quelques tracteurs et les nombreux animaux - chiens, vaches, chèvres... - qui obligent les conducteurs à freiner brutalement, y circulent à leur vitesse.

Juste après notre entrée dans le Rajasthan, nous avons été arrêtés par des policiers. Le chauffeur est sorti discuter avec eux. Les explications durèrent longtemps jusqu'à ce que le chauffeur se mette à crier après les gendarmes. Notre guide se mêla à l'altercation sur le ton de l'apaisement et, au bout de quelques minutes, chauffeur et guide revinrent vers le car sous le salut des policiers. Nous apprîmes que les policiers avaient notifié au chauffeur un excès de vitesse, dont celui-ci s'était défendu, assurant qu'il faisait très attention à pouvoir freiner lors des traversées de villages ou de passage d'animaux en liberté sur la route. Il demanda la confirmation du contrôle radar, que les policiers ne purent produire, prétextant que le radar était en panne. C'est donc ce qui motiva sa colère, quand il comprit que la police voulait le rançonner indûment. Par la suite, le guide nous révéla que le chauffeur appartenait à la caste des guerriers, ce qui ne nous surprit pas après cette farouche défense.

Les villages, tout au long desquels se tiennent des bazars de boutiques et de services variés, sont les lieux de vie les plus accueillants de l'Inde, malgré les cabanes de torchis où vivent de nombreuses familles. La misère et la crasse y paraissent moins présentes qu'en ville. Les habitants, agriculteurs, artisans ou commerçants accueillent les visiteurs avec plus de naturel. Il s'en dégage toujours une odeur d'épices qui se mélange à celle des animaux et, parfois aussi, des rigoles où s'écoulent les immondices parmi les eaux usées et les excréments.

Nous n'avons pas eu l'occasion de pénétrer dans un foyer, d'y découvrir le mode d'existence courant des villageois. Nous n'avons côtoyé que les commerçants et les artisans qui exercent leur activité au bord de la route. C'est donc une vision superficielle que nous pouvons conserver de la vie quotidienne dans les villages indiens. De même n'avons-nous pas pu voir des agriculteurs au travail dans les champs. Nous ne connaissons donc rien de leurs techniques d'exploitation. Peu de détails nous furent communiqués sur la vie quotidienne en général ; nous étions limités aux observations ponctuelles, forcément partielles. C'est pourquoi la marque la plus constante des villages traversés reste l'image des bazars, tous très similaires avec leurs foules bariolées, leurs étalages et les petits métiers exercés sur le bord de la route, en présence des inévitables vaches.

Passé cette plaine agricole, avant d'arriver à Mandawa, nous avons traversé une steppe de sable poussiéreuse, parsemée d'arbres souvent effeuillés, aux branches tordues qui leur donnent un aspect tourmenté et presque sinistre au crépuscule. C'est le lieu que notre chauffeur choisit pour une halte où il nous offrit un apéritif composé de rhum et de coca cola. Sur ces collines désolées, les chevilles griffées par de très petites plantes épineuses qui affleurent, au coucher du soleil, nous avons brisé la glace et fait plus ample connaissance avec Heimant, notre guide, qui se faisait appeler Heimu, avec le chauffeur et son assistant, jeune homme timide au doux sourire, et avec nos compagnons de voyage. Ce paysage sauvage me fit une forte impression, comme un avant-goût du désert de Thar, qui couvre l'est du Rajasthan, désert où nous n'avons pas pénétré.

Ces visions crépusculaires me hantent comme un écran placé devant l'immensité des zones obscures de notre découverte de l'Inde.   

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