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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 16:42

Que montre la crise actuelle du capitalisme occidental ? D’abord, la poursuite de phénomènes classiques, aussi anciens que le capitalisme : les fusions qui, quoi qu’on en dise, sont toujours des absorptions d’une entreprise par une autre. Le but recherché consiste à gagner une part de marché en éliminant un concurrent, lorsque la fusion concerne deux entreprises évoluant dans le même secteur, ou à se diversifier dans un métier complémentaire. Dans tous les cas, il y a la volonté d’acquérir une masse importante, de grandir. Les conséquences sont bien connues : endettement de l’entreprise absorbante pouvant entraîner des difficultés de trésorerie, recherche de synergies – pas toujours évidentes dans les acquisitions d’entreprises d’autres secteurs -, qui se traduisent généralement par des pertes d’emplois, des coûts supplémentaires de convergence informatique, comptable et administrative. Il peut y avoir une perte de clientèle si les rationalisations effectuées aboutissent à une baisse de la qualité de la production. Ainsi, dans de nombreux cas, les fusions contribuent-elles à affaiblir la nouvelle entité constituée : les échecs sont fréquents ; ils s’observent en termes de baisse du chiffre d’affaires par rapport aux deux entreprises fusionnées, de tensions financières, de départ de salariés et, in fine, de baisse du cours de l’action.

La deuxième évolution notable est le changement d’activité, généralement au travers d’acquisitions, pour se situer dans des secteurs plus innovants. Il s’agit souvent d’abandonner des activités traditionnelles au profit des activités à la mode comme la communication, les nouvelles technologies de l’information et des télécommunications ou la production d’articles de luxe. On peut citer LVMH qui, née du textile traditionnel, a évolué vers les divers marchés des produits de luxe – parfum, mode, maroquinerie, vins et alcools, etc., Vivendi Universal, dont les dirigeants, en partant de la distribution de l’eau – la Générale des Eaux – ont voulu constituer un conglomérat de médias, communication, téléphonie, édition, etc. Là encore, les réussites sont rares et passagères, l’engouement pour les « nouvelles technologies » se retournant aussi vite qu’il était apparu.

Dans d’autres cas au contraire, un groupe cède certaines activités pour concentrer sa production dans un seul domaine, comme Alcatel, ex-Compagnie Générale d’Électricité, conglomérat agissant dans toutes les formes de productions liées à l’énergie électrique, qui s’est spécialisé dans les télécommunications et subit une crise importante du fait de la baisse des commandes dans cette industrie.

Le point commun à toutes ces évolutions est une grande mobilité : des groupes patiemment constitués au cours de dizaines d’années sont démantelés, recomposés, absorbés par des concurrents ou rachetés par des financiers qui, rapidement, interrompent les principales activités.

Le but principal aujourd’hui n’est plus tellement le profit patiemment réalisé chaque année mais la hausse du cours de l’action en bourse, permettant un enrichissement rapide des actionnaires et surtout des dirigeants, qui s’octroient des rémunérations considérables, assorties de stock options, et négocient des indemnités très importantes lors de leur départ. Les nouveaux groupes privilégient les activités de négoce, de communication, d’organisation et de finance aux dépens de la production, abandonnée à des sous-traitants.

Ainsi, à la contradiction classique entre capitalistes et prolétaires exploités au travers du mécanisme de la plus-value, s’ajoute une nouvelle contradiction entre dirigeants et actionnaires : les dirigeants visent la hausse du cours de l’action pour attirer les actionnaires, grands et petits, en manipulant les résultats de la société, en travestissant la réalité avec la complicité tacite des commissaires aux comptes, des administrateurs et, souvent, avec la passivité des salariés. Quand la vérité éclate, lors d’une cessation de paiement, tout le système est ébranlé lorsqu’il s’agit d’entreprises ayant acquis une dimension suffisante.

La nouvelle contradiction réside donc dans l’écart entre la valeur boursière des entreprises et leur activité réelle, gonflée dans les rapports annuels par des profits invraisemblables qui ne tiennent pas toujours compte du poids des dettes et de la dépréciation des actifs, surtout financiers.

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